La
Bourse, Balzac, 1832
|
A propos de Balzac, ce site contient : 1. Une lecture de L'Interdiction - 2. Une présentation de La Comédie humaine - 3. Une présentation de La Muse du département - 4. Extraits de La Muse du département - 5. Une présentation de La Peau de Chagrin. 6. Une présentation de La Maison du Chat-qui-pelote - 7. Une présentation de La Vendetta - 8. Une biographie de l'auteur - 9. Une présentation du Bal de Sceaux - 10. Une présentation du Curé de village - 11. La Fille aux yeux d'or - 12. Illusions perdues - |
|
"Le visage de l'inconnue appartenait, pour ainsi dire, au type fin et délicat de l'école de Prud'hon, et possédait aussi cette poésie que Girodet donnait à ses figures fantastiques." Pierre Paul Prud'hon (1758-1823)
Tête de Vierge pour annonciation, détail, 1811, Musée de l'Ermitage. |
|
Adolph Menzel (1815-1905) Wohnzimmer mit Menzels Schwester, 1847 (Salon avec la soeur du peintre) Huile sur papier, Nouvelle Pinacothèque, Munich. |
L'intérêt du texte :Outre qu'il raconte une très jolie histoire d'amour en s'intéressant de près à la naissance et au développement des sentiments chez deux jeunes gens, particulièrement dans l'esprit du jeune homme (puisque c'est lui qui doit prendre la décision d'épouser ou non une jeune fille) qui après avoir hésité finit par se découvrir prêt à accepter Adélaïde quelle qu'elle soit, ce que commente le narrateur par une référence à Manon Lescaut, roman de l'Abbé Prévost : "Son amour était celui du chevalier des Grieux admirant et purifiant sa maîtresse jusque sur la charrette qui mène en prison les femmes perdues." Mais les sentiments de la jeune fille n'en sont pas moins évoqués avec finesse.Sur ce plan-là, le récit s'inscrit dans les valeurs du romantisme puisque l'amour y est la valeur suprême : amour de la mère pour son fils, amour de Madame de Rouville pour son mari disparu, amour d'Adélaïde pour Hippolyte se manifestant par une jalousie innocente et possessive, amour d'Hippolyte pour Adélaïde. Mais il est aussi, comme souvent chez Balzac, l'occasion d'explorer des univers aussi différents que ceux des artistes, ici à travers Hippolyte, celui de l'artiste en quête d'idéal en quoi il s'oopose à ses amis qui ne veulent voir dans la réalité que ses aspects les moins reluisants et sont prêts à reconnaître dans toute femme une prostituée possible ; ceux des "marginaux", à prendre au sens strict du terme, ceux que la société met en marge au sens où elle abandonne, sans plus ni moins, les personnes qu'un malheur (la mort d'un mari et d'un père, en particulier) contraint à vivre d'aumônes plus ou moins discrètes, rien n'étant prévu pour aider les veuves et les orphelins. Balzac suggère ainsi discrètement à quel point la société de La Restauration est une société du ressentiment puisque la demande d'une pension de Madame Leseigneur de Rouville est déboutée avec une cruauté vindicative par le ministre de la Marine avec ces mots : "si le baron de Rouville eût émigré, [elle] l'aurait conservé ; [...] il serait sans doute aujourd'hui contre-amiral" : puisque la société ne peut plus rien contre un mort, elle peut se retourner conre les siens et faire "payer", à l'épouse et à la fille, les choix politiques du capitaine. Comme, d'un autre côté, le comte de Kergarouët doit son grade de contre-amiral, non à ses faits d'armes, mais au fait d'avoir émigré avec le roi, ce qui était aussi le cas du comte de Fontaine dont il épouse la fille dans Le Bal de Sceaux . |