19 juin 1623 : Blaise Pascal

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A propos de Pascal, ce site contient
: 1. Un extrait des "Deux infinis" - 2. Pensées - 3. Extrait de la Préface de Port-Royal (le projet de Pascal tel que le rapporte Etienne Périer, son neveu) - 4. La rhétorique pascalienne - 5. Le lecteur dans les Pensées - 6. La biographie de Pascal par Chateaubriand dans Le Génie du Christianisme.






Domat


Portrait de Pascal par Jean Domat (1625 - 1695). Clermontois et janséniste, c'est l'ami de Pascal et un juriste important de son temps.
Sanguine, Paris, BnF



"L'effrayant génie", comme le caractérise Chateaubriand, naît à Clermont-Ferrand dans une famille bourgeoise : le père est président à la cour des Aides. Une soeur aînée, Gilberte (née en 1620), une cadette, Jacqueline (née en 1625). En 1626, la mère meurt.
En 1631, la famille s'installe à Paris.
Pascal révèle très tôt ses dons scientifiques ; à 11 ans, il rédige un petit traité sur la propagation des sons. Son père fréquente le père Mersenne, Fermat, Roberval, Desargues. Avec Fermat et Roberval, il critique vivement Le Discours de la méthode de Descartes. Il introduit très tôt, semble-t-il, son fils auprès de ses amis.
À 16 ans : Traité sur les coniques
Fin 1639, la famille est à Rouen où le père a été nommé intendant pour "l'impôt et la levée des tailles". Pour lui faciliter la tâche, Pascal invente la "machine arithmétique" (première machine à calculer). Corneille fréquente leur maison, Jacqueline s'essaie à la poésie (ce qu'elle a déjà fait avec un certain succès à Paris, ce serait même ainsi qu'elle aurait obtenu de Richelieu la grâce de son père qui s'était opposé au pouvoir en 1638).
1646 : le père se casse la jambe et il est soigné par deux hommes, les frères Deschamps, qui passent trois mois dans la maison. Ils révèlent à la famille les oeuvres de Jansenius, de Saint-Cyran et d'Arnauld.
C'est le premier contact de Pascal avec la tendance religieuse que l'on nomme "Jansénisme" : une tendance de la religion catholique à l'extrême rigueur s'appuyant sur Augustin d'Hippone (saint Augustin) pour laquelle le salut de l'homme dépend de la seule grâce divine alors que le commun des catholiques compte aussi sur les bonnes oeuvres, une vie méritante pour l'obtenir.
Atteint d'une maladie (peut-être tuberculose osseuse) qui lui rend la vie difficile (il souffre, se déplace avec des béquilles), il porte quand même un silice et contamine toute la famille : Jacqueline se fait religieuse, Gilberte, mariée (Mme Périer), mène une vie édifiante.
1647 : Traité sur le vide.  Il rencontre Descartes, à Paris.


Pascal distingue entre les sciences d'autorité (la théologie) et les sciences de raisonnement (tout ce qui relève de l'expérience et du raisonnement humain ;  ces dernières sciences sont susceptibles de progrès puisqu'elles dépendent de l'accumulation des connaissances).
en 1649, pendant les troubles de la Fronde, toute la famille se retire à Clermont-Ferrand.
1651 : mort du père et méditation sur la mort. Il semble opposé à la volonté de Jacqueline d'entrer à Port-Royal alors qu'il l'avait soutenue lorsque son père s'y opposait.
En 1652, de retour à Paris, Jacqueline devient religieuse de l'abbaye de Port Royal ; Blaise fréquente Port-Royal mais aussi le salon de Mme d'Aiguillon (nièce de Richelieu) et sans doute celui de Mme de Sablé. Il découvre dans ces salons un art de vivre en société : "l'honnêteté".  Ses amis d'alors, s'ils étaient soucieux de bien vivre avec les autres étaient probablement indifférents en matière de religion, peut-être même libertins. On lit Montaigne, voire Epictète, pour se construire une morale.
Cette période mondaine de Pascal s'achève en 1654. Cette année-là, la nuit du 23 novembre exactement, il vit une intense expérience mystique relatée dans un "Mémorial" qu'on trouve sur lui au moment de sa mort. En 1655, Il fait une retraite à Port-Royal des champs et choisit pour directeur de conscience, Louis-Isaac Lemaître de Saci, traducteur de la Bible. Sans être jamais un des "messieurs" de Port-Royal, un des solitaires vivant auprès du couvent une vie d'ascète, Pascal retourne régulièrement à Port-Royal.
La querelle jansénistes / jésuites sur l'Augustinus [texte de Jansénius publié en 1640, après sa mort, dans lequel l'évêque d'Ypres reprend les thèses les plus sévères d'Augustin d'Hippone relatives à la grâce et à l'impuissance humaine, incapable d'oeuvrer pour son salut] s'envenime. Dès 1653, l'antagonsime s'était durci avec la condamnation par le pape de cinq propositions tirée de l'Augustinus mais en 1656, Arnauld est condamné par la Sorbonne ; ses amis demandent à Pascal de défendre leur camp et il écrit,  sous le pseudonyme de Louis de Montalte, 18 lettres, publiées entre le 23 janvier 1656 et le 24 mars 1657, auxquelles on donne ensuite le nom de  Provinciales, ; sans doute est-ce alors qu'il forme le projet d'écrire une Apologie du Christianisme dont il ne reste que les notes intitulées Les Pensées, par son premier éditeur, huit ans après sa mort.
Entre 1658 et 1662 (date de sa mort), Pascal revient aux mathématiques et rédige De l'esprit géométrique où se trouve déjà l'ébauche de l'argument des "deux infinis", dans les années 57-58, sans doute (Louis Lafuma) en même temps qu'il rédige un Art de Persuader dont il dit "l'art de persuader consiste autant en celui d'agréer qu'en celui de convaincre", mais les persécutions qui reprennent en 1661 contre les jansénistes assombrissent cette période. Pascal dans son intransigeance se querelle avec Arnaud et Nicole qui étaient partisans de la soumission au roi.
En 1661 : mort de Jacqueline
en 1662 : il obtient des lettres patentes pour une entreprise de transports en commun "les carosses à cinq sol ", elle sera mise en place après sa mort.

Ainsi, la vie de Pascal a été brève ; douloureuse sans doute ; Albert Béguin (Pascal par lui-même, Seuil, 1958) la voit marquée du signe de l'impatience, notant qu'il ne mène jamais jusqu'à leur terme les idées qui lui viennent, comme si découverte, point de départ, nouveauté l'attiraient bien davantage que la recherche elle-même. Il s'intéresse aux questions scientifiques débattues à son époque : le vide, l'hydrostatique, la "géométrie du hasard", base du calcul des probabilités, mais ne va jamais au bout de ce qu'il découvre, laissant à ses successeurs le soin de mener à bien ses recherches.
Peut-être peut-on en dire autant des "papiers" que nous avons coutume de nommer les "Pensées", matériau destiné en grande partie à l'élaboration d'une Apologie de la religion chrétienne, dont nous connaissons le projet à la fois par le témoignage de ses proches et par la préface à l'édition qu'on en fit après sa mort, dite "Edition de Port-Royal", mais dont les spécialistes ont prouvé, au XXe siècle, que nombre de fragments appartenaient à d'autres réflexions, y compris sans doute, des réflexions strictement personnelles sans perspective éditoriale.
 



A découvrir :  Port-Royal et le jansénisme, le site des amis de Port-Royal (voir en particulier "Histoire et mémoire")
A regarder et écouter : une conférence de Laurence Plazenet, professeur à la Sorbonne, donnée le 8 août 2012 "Solitude et solitaires de Port-Royal : entre Thébaïde et communion des saints"
A consulter : l'excellente documentation réunie par Gallica-Bnf dans son dossier sur Pascal.



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