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février 1864 : Jules Renard
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Le fils d'Antoine (le directeur de théâtre), André-Paul, se souvient, le 5 octobre 1975, au cours d'un entretien radiophonique : « [...] je devais avoir une douzaine d'années*. J'avais l'âge à ce moment-là de Poil de carotte. Je l'ai vu pour la première fois dans la loge d'Antoine, au théâtre Antoine. Je suis entré et je vois encore l'oeil de Renard sur moi. Il apportait à Antoine un faisan ou un lièvre qu'on avait tué dans son patelin, et il pensait que ça nous ferait plaisir. Et je vois encore l'oeil de Renard, qui était un oeil, c'était vraiment un microscope, c'était un oeil qui vous traversait, amusant, amusé, curieux, objectif, terriblement. Alors, il m'a posé deux ou trois questions, histoire de me faire parler. Je me suis méfié immédiatement, je ne sais pas pourquoi, instinctivement. Ça, ça doit être l'insecte devant le bonhomme qui l'étudie, vous savez, on avait l'impression d'être dans une boîte avec un type qui vous regardait à la loupe. Une voix amusante, assez sèche, assez aiguë mais alors pleine d'humour. Les intonations, une intonation de Renard était vraiment un monde qui s'ouvrait, c'était une merveille. » * la scène se situe donc vers 1904 Concordance des temps, France Culture, 27 février 2016 |
L'oeuvre de Jules Renard a
souffert la même aventure que celle d'autres écrivains, George Sand ou
Alphonse Daudet, par exemple. En les amputant de
leur part la plus importante, le XXe siècle les a reléguées
sur le
rayonnage de la littérature destinée à la jeunesse ; George Sand
réduite à ses romans dits
champêtres,
Alphonse Daudet aux seules Lettres de mon Moulin et
encore, tronquées d'une bonne part de leur contenu. Quant à Jules
Renard, Poil de carotte (1894)
est tout ce
qui semble resté à son crédit. Le terrible article de Sartre, L'homme ligoté. Notes sur le "Journal" de
Jules Renard, publié en 1945, n'a pas vraiment amélioré la
situation, le renvoyant— hélas, avec brio ! — au royaume des curiosités
:
"Il agonise sa vie, le réalisme finissant l'a élu pour agoniser en lui.
[...] — pourtant ce moribond témoigne d'une sorte de catastrophe qui a
pesé sur les écrivains de la «Fin de siècle» et qui, directement ou
indirectement, est à l'origine de la littérature contemporaine." (Situations I) Et certes, Jules Renard n'est ni Balzac, ni Flaubert, mais il est un bon écrivain, ce qui est déjà beaucoup et il mérite que l'on prenne le temps de le lire. |
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Enfance et jeunesseIl faut bien commencer par là, à la fois pour se plier à ce lieu commun affirmant que tout se joue dès le départ et parce qu'effectivement un être humain passe par diverses phases avant de trouver ce que de lui il va construire, autrement dit ce qu'il va conserver et développer comme ce qu'il va abandonner et oublier.Pierre Jules Renard (qui ne retiendra que son second prénom) est le troisième et dernier enfant de François Renard (né en 1824), entrepreneur de travaux publics et de son épouse Anna Rosa Colin (née en 1836). Il naît le 22 février 1864, à Châlons-du-Maine où le père travaille alors. Les deux premiers enfants sont une fille, Amélie, née en 1859 (après la mort en très bas âge du premier enfant du couple, une petite fille, elle aussi prénommée Amélie), et un garçon, Maurice, né en 1862. Quand il a 2 ans, en 1866, la famille rejoint Chitry-les-Mines, dans le département de la Nièvre, dont est originaire le père. Ce dernier y achète une maison. C'est là que Jules passe son enfance. En raison de Poil de carotte, grand succès de l'écrivain en 1894, et du fait que Jules Renard était lui-même roux, comme son personnage, il est obligatoire de parler de l'enfance malheureuse de Renard. Malheureuse ? C'est discutable. On ne voit pas pourquoi, dans ce cas, il serait revenu s'installer dans un pays qui n'aurait dû être rattaché qu'à de mauvais souvenirs. Or, c'est ce qu'il fait dès 1895, en louant une maison à Chaumot, commune limitrophe de celle de Chitry, où lui et sa famille vivront, à partir de là, une grande partie de l'année, et il note, alors, dans son Journal, des rêveries de maire "dans mon cher pays". |
Carte postale de Chitry-les-Mines
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Ses relations
avec ses parents ne semblent guère différentes de ce que devaient être
celles d'un grand nombre d'enfants de cette époque : une certaine
distance, probablement de la sévérité, mais c'était alors la norme. Et
sans doute, lui-même n'était-il pas un enfant facile, ne note-t-il pas
dans son Journal à la date du
6 février 1895 "Tout petit, je passais
pour une mauvaise tête." et d'ajouter "Il faut maintenant que, dans mon
cher pays, je me fasse une réputation de bonté." De 1875 à 1881, il est pensionnaire, comme son frère, de l'institution Saint-Louis, à Nevers (environ 60 km au sud-ouest de Chitry-les-Mines), de manière à pouvoir poursuivre ses études au lycée. Là encore, il ne s'agit pas de se débarrasser des enfants, mais d'assurer leur avenir. Un village de quelques six-cents habitants (ce qu'était Chitry dans ces années-là) ne peut pas proposer d'établissement secondaire. Quelques souvenirs de ces temps-là sont rapportés dans le Journal, en particulier parce que l'ancien directeur de l'Institution, M. Rigal, a subi des revers de fortune et vient, de temps à autre, solliciter son ancien pensionnaire (18 mai 1890 : "Revu M. Rigal. Rien de plus douloureux que de revoir son ancien maître en mendiant.") Il n'obtient pas son baccalauréat en 1881, mais sa famille l'envoie à Paris le repasser et préparer le concours d'entrée à l'Ecole Normale supérieure. L'avenir qui se profile est celui de professeur. L'année de rhétorique se passe bien, mais celle de philosophie n'est guère brillante. Il est finalement reçu bachelier ès-lettres en 1883 et a abandonné l'idée de se présenter à l'Ecole normale. Le jeune homme a bien d'autres projets et d'abord celui de se tailler une place dans le champ littéraire. |
Jean Béraud (1849-1836), Une colonne Morris, 1885
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Devenir écrivainJules Renard a 19 ans, aucune envie de rentrer dans sa famille, pas davantage une vocation de professeur, et des démangeaisons d'écrivain.Il fréquente les cafés littéraires, autrement dit ceux où l'on peut être susceptible de rencontrer des écrivains ayant pignon sur rue, des débutants aussi, des journalistes surtout. Il a fait la connaissance d'une actrice de la Comédie française, Danièle Davyle. Ce n'est bien sûr pas tous les jours fête. La pension qu'accorde le père est maigre, mais que peut-il faire de mieux ? il a trois enfants et des revenus limités. Faire sa place dans la presse est une rude tâche, la concurrence est sévère, et les revenus qui dépendent des "piges", inconstants et souvent bien modestes. Avec une certaine obstination, Renard parvient à publier quelques articles ; il édite à compte d'auteur, sans aucun succès, deux poèmes, Les Roses et Les Bulles de sang (1886) que Danièle Davyle récite sans se lasser dans les salons, mais sans que cela fasse beaucoup progresser la réputation du jeune homme. Mais il écrit ; de nombreux poèmes, comme on peut le constater dans l'édition des oeuvres complètes que procure Henri Bachelin à partir de 1925 ; des contes rassemblés ensuite dans divers recueils ; il tente aussi de trouver un travail rémunéré, ce qui est presque aussi difficile que de percer en littérature ; tribulations interrompues par un an de service militaire (1885-86) et, finalement, en 1888, il est engagé par Auguste Lion, romancier aujourd'hui oublié, pour servir à la fois de secrétaire à l'écrivain et de précepteur à ses trois enfants. Dès 1887, il a commencé à rédiger son journal. Peut-être, comme les Goncourt, y voit-il une sorte d'affirmation d'une vocation qui semble avoir des difficultés à se concrétiser quoiqu'il écrive. En avril 1888, il épouse Marie Morneau, qu'il appelle Marinette, Marinon ou Rinette (diminutifs utilisés dans le Journal, éventuellement Gloriette comme leur maison de Chaumot.) La jeune fille a des espérances, comme l'on disait à l'époque et, de fait, pour Renard, la vie devient plus aisée, même s'il reprend ses fonctions chez M. Lion en octobre et malgré une belle-mère qu'il ne supporte pas (et ce doit être réciproque), comme sa mère à lui aura du mal à accepter sa bru. Il fait éditer, de nouveau à compte d'auteur, un recueil de nouvelles, Crime de village, qu'il dédie à son père. Il s'agit de huit brèves nouvelles qu'il dit être oeuvres de collégien (dans la dédicace) et ne le sont sans doute que dans un sens métaphorique, oeuvres de débutant ; le tirage en est limité (65 exemplaires) et les nouvelles, souvent acides, sont encore marquées par l'influence d'écrivains admirés (Maupassant, entre autres), sans pour autant manquer d'intérêt. |
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Le rayon de ses connaissances
s'élargit, il place davantage d'articles dans les journaux. En novembre
1889, il participe à la fondation du Mercure de France,
revue destinée à jouer un grand rôle dans le champ littéraire pendant
longtemps. Son premier numéro sortira en janvier 1890. Il en est même
le principal actionnaire, quoique l'historique de la Revue
oublie indécemment son nom, et même si la revue était dirigée par
Alfred Vallette,
mari de Rachilde, elle-même écrivain et critique littéraire. Naissance d'une revue qui suit la naissance de son premier enfant, en février, Pierre-François. La Revue va apporter deux bénéfices à Renard, d'abord un nouvel espace de publication qui, sous la direction de Vallette, va s'affirmer très vite un référence pour le monde littéraire ; ensuite, un haut lieu de sociabilité, puisque tous les mardis, Rachilde reçoit dans les bureaux de la revue, ce qui fait de cet espace l'un des salons littéraires les plus en vue de Paris. Les fréquentations de Renard s'accroissent d'autant. Mais rien n'est vraiment gagné. Il ne trouve pas d'éditeur pour Les Cloportes, son premier roman, rédigé entre 1887 et 1889. Le récit ne sera finalement publié que de manière posthume, en 1919, mais il y va sans doute aussi de la faute de l'auteur. En 1890, il est question de le publier en feuilleton, mais au dernier moment, Jules Renard se rétracte et le roman reste dans ses papiers. En revanche, cette année-là, il rassemble dans un recueil, Sourires pincés, un certain nombre de ses nouvelles. Le vrai tournant dans cette existence va être la publication de L'Ecornifleur, en janvier 1892. L'accueil critique en est très favorable. La parution est suivie, en mars, de la naissance de sa fille, Julie-Marie, dite Baïe. Ses collaborations avec les journaux et revues se multiplient, ses relations avec les écrivains aussi. En 1891, il avait fait la connaissance de Marcel Schwob, puis en 1893, de Tristan Bernard qui seront de très proches amis. |
"le Coq", illustration d'André Collot (1897-1976), pour une édition d'Histoires naturelles, incluse dans les Oeuvres complètes (6 volumes), La Belle édition, 1960. |
Etre écrivainEn 1894 paraissent d'abord Coquecigrues (recueil de nouvelles précédemment publiées dans la presse) dont le titre est un programme humoristique, puisque le mot dont l'invention semble remonter à Rabelais, a fini par signifier "balivernes, sornettes, sottises " (TLF) et Poil de carotte dont le succès est immédiat, et sera durable au prix, comme toujours, de bien des malentendus.En 1895, il cherche une maison à louer dans le village de son enfance et en trouve une dans une commune limitrophe, à Chaumot, qu'il baptise aussitôt "la gloriette" (Journal, 4 février 1895), mais où la famille ne s'installera qu'en mai 1896. Dorénavant, Jules Renard, sa femme et leurs enfants séjourneront là de mai à octobre, voire novembre, certaines années. En 1896, les Histoires naturelles et La Maîtresse assoient la réputation de l'écrivain. Le premier livre a sa couverture illustrée par Vallotton, comme le second. Il est dorénavant un écrivain "arrivé", si cela veut dire quelque chose. Cela veut, en tous cas, dire que ses séjours parisiens seront, s'il est possible, encore plus mondains qu'avant cet événement. Il va de dîners en dîners, de théâtres en théâtres, il fréquente de plus en plus acteurs et actrices, dramaturges et va s'essayer lui-même à l'écriture scénique. Les Histoires naturelles vont séduire de nombreux illustrateurs. En 1899, elles sont rééditées, illustrées par Toulouse-Lautrec. En 1904, paraîtra une édition augmentée, illustrée cette fois par Pierre Bonnard. En 1909, une nouvelle édition est, elle, illustrée par Benjamin Rabier. En 1897, sa première pièce est montée, le 16 mars, Le Plaisir de rompre, au cercle des Escholiers ; il en avait écrit une auparavant en collaboration avec Georges Docquois, jouée à l'Odéon, le 9 novembre 1895. Le Plaisir de rompre est fort applaudi. Le théâtre va occuper une grande place dans la vie de Jules Renard. Il n'a écrit que huit pièces, mais elles ont toutes connu le succès. Il semble aussi que le monde du théâtre lui plaise, il fréquente avec plaisir dramaturges et acteurs, parmi lesquels se détache Lucien Guitry (le père de Sacha), considéré alors comme le plus grand comédien de son temps, qui lui est très proche. Ils font de nombreux voyages ensemble. L'année aura aussi ses douleurs. Son père est tombé malade, et le 19 juin 1897, il se suicide. Le journal témoigne d'une douleur proche de la sidération. Le séjour habituel à Chaumot se prolonge mais en novembre il est de retour à Paris. Daudet meurt en décembre et en janvier 1898, il publie son premier article sur l'écrivain dont il écrira bien des années après, dans son Journal, qu'il a été l'un de ses maîtres. Pain de ménage est joué au Figaro le 14 mars 1898. Renard voyage, rencontre ses amis, s'occupe de sa famille, écrit, s'engage vivement dans la défense de Dreyfus. Il travaille en 1899 à tirer une pièce de Poil de Carotte. Et propose en lecture, à la Comédie française, Le Plaisir de rompre qui ne sera accepté qu'en avril 1901 et montée en 1902, première le 12 mars, avec Cécile Sorel dans le rôle de Blanche ; la mise en scène était de Lucien Guitry. |
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Poil de carotte (comédie en un
acte) est monté le 2 mars 1900 au théâtre Antoine, avec succès.
Mais au mois de janvier, son frère Maurice, conducteur de travaux
(ingénieur) aux chemins de fer était mort brutalement d'une angine de
poitrine. Bien que la mort ne cesse jamais d'être présente dans le Journal, chaque mort particulière
pousse à la méditation sur la mémoire, l'oubli, la difficulté de
l'admettre, de la regarder vraiment. En même temps, les préoccupations
électorales font diversion. Renard s'engage dans la vie politique de
son village. En mai 1901, il est élu conseiller municipal de Chaumot.
Il va aussi être fait chevalier de la Légion d'honneur, décoration dont
il rêvait depuis longtemps. Il écrit Monsieur Vernet, nouvelle pièce (adaptation théâtrale de L'Ecornifleur). C'est Antoine qui la montera, première le 6 mai 1903. En 1904, il est élu conseiller municipal de Chitry dont il devient le maire en mai. Le combat pour Dreyfus l'a rapproché de Blum, d'Anatole France et surtout de Jaurès qu'il admire profondément. Il écrit pour L'Humanité que fonde Jaurès cette année-là, dès le premier numéro auquel il donne un conte "La vieille" que Jaurès s'empresse de mettre en première page. Mais c'est aussi en 1904, en juin, qu'il a une première alerte cardiaque, dont il ne dit mot dans son Journal. Les médecins sont rassurants, et il continue ses diverses activités, les voyages entre Chaumot et Paris, le théâtre, répétitions, invitations, l'écriture bien sûr, et la politique ; toutefois, il doit renoncer aux exercices physiques, à la bicyclette comme à l'escrime. Il est élu à l'Académie Goncourt en 1907, non sans quelques difficultés. Il y sera un membre très assidu. Cette cooptation est pour lui doublement bienvenue, elle le consacre d'une certaine manière et elle lui assure une petite rente non négligeable dans une famille où l'argent est un souci. En 1908, il est réélu maire de Chitry. En 1909, nouveaux malaises cardiaques en janvier. Cette année-là, le 5 août, sa mère tombe dans le puits de son jardin et meurt, ou sans doute meurt-elle, ce qui la fait tomber dans le puits parce qu'elle était assise sur la margelle. Les notes dans le Journal de Renard, sont à la fois émues et désenchantées. On y sent une grande lassitude. Il note le 16 août "La vérité désenchante toujours. L'art est là pour la falsifier." Il quiite le Mercure de France et vend ses actions. La Bigote est montée par Antoine à l'Odéon, première le 21 octobre, c'est sa dernière pièce ; farouchement anticléricale, après un début prometteur (noté dans le Journal) la pièce tombe. Renard n'en semble pas troublé outre mesure, et il note en décembre 1909 : " J'ai une maladie à observer en moi. Ça vaut presque une crime de famille." Il lui reste à peine cinq mois à vivre. Il meurt le 22 mai 1910. PostéritéA partir de 1925, Henri Bachelin (1869-1941), lui-même écrivain, grand admirateur de Jules Renard, organise l'édition des Oeuvres complètes de l'écrivain (17 volumes, 1925-1927, chez François Bernouard). Il est le premier éditeur du Journal que le XXe siècle (hormis Jean-Paul Sartre) considéra comme le chef-d'oeuvre de l'auteur. Chef-d'oeuvre ? sans doute pas, mais un très émouvant document, une sorte d'atelier de l'écrivain aussi bien qu'un pense-bête. Il y essaie des formules poétiques, parfois ratées parce que trop chargées, trop volontairement travaillées pour être différentes, surprenantes, et parfois extraordinaires de vivacité, d'originalité, de profondeur comme cette remarque, à la mort de son frère, le 22 janvier 1900 : "On dirait que son visage s'emplit de nuit." Il note de bons mots, après tout, il a une réputation d'humoriste à conserver ; des observations sur la campagne, sur les paysans qui l'entourent, les phrases surprenantes ou amusantes de ses deux enfants; il cherche à se comprendre, ce qui, en principe, est bien l'objectif du Journal ; il s'observe et il observe les autres, ce qui fait aussi de ces notes un document sur son époque, sur le milieu littéraire et théâtral dans lequel il vit. Même si l'on peut douter qu'il n'ait pas pensé que cet écrit serait publié (parfois, il use d'un "vous" qui ne peut être qu'une adresse à un futur lecteur), le plus souvent, c'est vrai, il doit l'oublier. A le lire, on le découvre singulièrement attachant. C'est vraiment une personne qui existe dans ces pages, comme dans cet autoportrait qu'il note le 21 février 1893 :
Le reste de l'oeuvre est oublié à l'exception, bien sûr, de Poil de carotte. Et c'est dommage. Tout n'a pas la même qualité, et il y a dans Histoires naturelles, des pages magnifiques ("Les Coqs", par exemple, ou "Une famille d'arbres"), et d'autres moins réussies. Pourtant l'oeuvre entière mériterait d'être revisitée. Jaurès, en lui rendant hommage au moment de son mort, écrivait : " C'était un grand artiste et un coeur très haut." |
A lire : le compte-rendu (par Michel Louis) d'une thèse publiée en 1945, La Langue et le style de Jules Renard par Pierre Nardin et disponible sur Persée. Elle fournit bien des pistes d'analyse. A écouter : l'émission de Concordance des temps, 27 février 2016 (France culture), consacrée à l'écrivain. A consulter : la bibliographie des oeuvres de Jules Renard. |