Antigone
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Aux sources du personnageLe personnage d'Antigone qui va prendre une telle importance dans l'imaginaire occidental, à partir du XIXe siècle et particulièrement au XXe siècle, apparaît dans le mythe des Labdacides assez tardivement, selon l'état de nos connaissances.Elle est identifiée comme fille d'Œdipe au Ve siècle av. J.-C., dans les généalogies référentes aux dieux et aux grandes familles de la Grèce rédigées par Phérécyde d'Athènes. Mais ce dernier attribue les quatre enfants d'Œdipe, Etéocle, Polynice, Ismène et Antigone, à un deuxième mariage, avec Euryganeia, après le suicide de Jocaste. Par ailleurs, Ion de Chios rapporte, dans un de ses dithyrambes, qu'Ismène et Antigone "avaient été brûlées dans le temple d'Héra par Laodamas, fils d'Etéocle." si bien qu'avant Sophocle, Antigone ne se détache pas de sa fratrie. Si la filiation est diverse selon les états du mythe, l'étymologie du mot "Antigone" est elle-même controversée. Certains y lisent "celle qui se distingue par sa naissance", "la noble" (anti : face à / gôné : naissance) ; d'autres "celle qui s'oppose à la famille" (où "anti" prend le sens de contre). SophocleLe personnage prend les dimensions que nous lui connaissons dans les tragédies de Sophocle (- 496 / - 406) dont il nous reste trois pièces consacrées au cycle des Labdacides : Œdipe-roi, Œdipe à Colone et Antigone.Dans Œdipe à Colone (probablement écrite après les autres, et en tous cas représentée après la mort du dramaturge, en - 401), la jeune-fille accompagne son père, devenu aveugle, dans son exil. Ils s'arrêtent à Colone, sur un territoire consacré aux Euménides, où Thésée, roi d'Athènes, leur accorde l'hospitalité et s'oppose à Créon venu reprendre Antigone et Ismène qui les a rejoint. A la mort d'Œdipe, qui intervient à la fin de la pièce, absous par les dieux, Thésée se charge de faire reconduire les jeunes-filles à Thèbes où elles veulent tenter de s'interposer entre leurs deux frères, en lutte pour le pouvoir: "Renvoie-nous donc alors dans notre antique Thèbes, afin que, s'il se peut, nous barrions la route au Meurtre qui est déjà en marche vers nos deux frères." dit Antigone (traduction de Paul Mazon, Les Belles-lettres, 1950). Dans Antigone, le personnage se mettait déjà en place comme figure du dévouement (que confirme Œdipe à Colone), de la pitié à accorder à la |
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souffrance, sans regarder aux
raisons, aux orgines de cette souffrance.
Ainsi dira-t-elle à Créon : "Je suis de ceux qui aiment, non de ceux
qui haïssent." (Antigone).
Que Polynice soit un traître à la Cité, ce qu'il est de fait, pour
avoir mené une guerre contre elle, en s'alliant à des étrangers, à seule fin de s'assurer le pouvoir,
n'a pas de prise sur la résolution qu'elle prend de lui assurer le
repos après la mort. |
Statue de jeune fille (Koré), vers 520/510 a.C., Musée de l'Acropole, Athènes, marbre 1,82 m. |
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Structure de la pièce
Représentée en 442 av. J. C., elle est la première pièce du cycle des Labdacides : |
Prologue (correspond à ce que nous
appelons exposition) Ismène / Antigone |
Antigone en exposant à sa
soeur sa volonté de rendre les honneurs funéraires à Polynice et donc
d'enfreindre les ordres de Créon, devenu roi de Thèbes après la mort de
leurs deux frères, rappelle les circonstances de la situation et son
enjeu : la mort pour tout infracteur. Ismène tente de la dissuader,
sans y parvenir.
Antigone y apparaît déterminée ("saintement criminelle", affirme-t-elle), méprisante à l'égard d'une Ismène par trop timorée. |
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Parodos (entrée du choeur, constitué
de vieillards) |
Le Choeur célèbre le jour,
les dieux, la victoire de Thèbes contre ses assaillants, en alternant
le chant et les déclamations du Choryphée (chef du choeur) qui rappelle
la lutte des deux frères et leur mort.
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Premier épisode (le mot "épisode" désigne la
partie de la pièce comprise entre deux chants du choeur) le Choryphée / Créon / le garde |
Créon annonce ses décisions
au choeur et insiste sur sa vision du pouvoir : au seul service du
pays. Arrive le garde qui lui apprend que les honneurs funéraires ont
été rendus à Polynice. Fureur de Créon qui y voit la trace d'un complot
: on a payé les gardes. Il menace de mort le messager s'il ne lui
ramène pas le coupable.
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Premier stasimon (le choeur) |
Eloge de l'homme qui, par
son intelligence, domine la nature mais avertissement, l'homme doit
savoir choisir la voie du bien et, par là, éviter la démesure : "Qu'il
fasse donc, [...], une part aux lois de sa ville, et à la justice des
dieux à laquelle il a juré foi..."
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Deuxième épisode Le Coryphée, le garde, Créon, Antigone |
Le garde revient avec
Antigone qui revendique son acte car il existe "d'autres lois, [des ]
lois non écrites, inébranlables, des dieux! Elles ne datent,
celles-là, ni d'aujourd'hui, ni d'hier, et on ne sait le jour où elles
ont
paru." La colère de Créon explose qui accuse aussi Ismène d'être
complice. Cette dernière arrive et veut s'associer à Antigone qui
refuse. Mais Créon les fait enfermer toutes les deux.
L'épisode se termine sur un échange brutal de stichomythies entre Créon et Ismène. |
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Deuxième stasimon (le choeur) |
Le choeur déplore les
malheurs de la famille et y voit le signe d'une malédiction
divine "un dieu est là qui ne leur laisse aucun répit."
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Troisième épisode Le Coryphée, Créon, Hémon |
Hémon tente de raisonner
son père en arguant de la réaction des Thébains favorables à Antigone.
Créon se met en colère, et Hémon part, furieux. Créon confie au
Coryphée qu'il va enfermer Antigone "toute vive au fond d'un souterrain
creusé dans le rocher", mais qu'il épargnera Ismène.
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Troisième stasimon (le choeur) |
Le
choeur chante la puissance (dangereuse) d'Eros et d'Aphrodite : "La
divine Aphrodite, invincible, se joue de tous." (Mazon) / "sans combat,
la divine Aphrodite fait de nous ce qu'elle veut." (Pignarre)
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Quatriène épisode Antigone, le Coryphée, Créon |
Commence par un dialogue
chanté entre Antigone et le choeur : lamentations d'Antigone sur la
tragédie familiale, sur son sort (personne pour la pleurer). Créon
manifeste, une fois de plus, son absence de pitié.
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Quatrième stasimon (le choeur) |
Le choeur chante le
"destin" (Les Parques) qui a imposé à d'autres des souffrances
aussi cruelles (l'ensevelissement, l'aveuglement) que celles d'Antigone.
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Cinquième épisode Tirésias, Créon, le Coryphée |
Tirésias (le devin de
Thèbes)
vient mettre en garde Créon : les dieux n'acceptent plus de sacrifice.
Devant la colère de Créon, il le prévient qu'il paiera de la mort de ses
proches d'avoir "donné à une vie humaine le cadre outrageux d'une
tombe, alors qu'en même temps [il] retien[t] sur la terre un mort qui
appartient aux dieux infernaux...". Après son départ, sur les conseils
du Coryphée, Créon se précipite pour libérer Antigone.
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Cinquième statisom (le choeur) |
Le choeur prie Dionysos
pour qu'il vienne délivrer la ville de sa mère (Sémélé, sa mère, est la
fille de Cadmos, fondateur de Thèbes) du malheur.
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Exodos (à la fois le dernier épisode
et la sortie du choeur) le messager, Le Coryphée, Eurydice (femme de Créon), le serviteur, Créon |
Le messager annonce la mort
d'Hémon dont il raconte à Eurydice le détail : Antigone s'est pendue et
Hémon s'est tué avec son épée sous les yeux de son père. Elle rentre en
silence dans le palais et arrive Créon. La plus grande partie de ses
interventions sont chantées.
On vient alors lui
annoncer le suicide d'Eurydice. Le Coryphée conclut la pièce sur la
nécessité de la sagesse opposée à l'orgueil.
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Une mise en scène contemporaine de l'Antigone de Sophocle, Théâtre de la Bastille, Paris, janvier 1999.
Mise en scène de Marcel Bozonnet. |
Théâtre de la Bastille, janvier 1999. Antigone, Elsa Lepoivre et Scali Delpeyrat dans le rôle du Coryphée.
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A
lire : ce qu'est le théâtre dans l'antiquité grecque, voir sur Olympos.
Une réflexion sur Antigone et le droit Une conférence de Pierre Carlier, professeur d'histoire grecque. A regarder : la pièce mise en scène par Adel Hakim avec les acteurs du Théâtre national palestinien, en 2012, au Théâtre des Quartiers d'Ivry (spectacle en arabe, surtitré en français)
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