Les Raisins de la colère, 1939, John Steinbeck

coquillage



jaquette 1939

Jaquette dessinée par Berta et Elmer Hader à la demande même de Steinbeck qui admirait leur travail. Pour marquer le 75e anniversaire de l'édition, en 2014, l'éditeur Viking a repris la jaquette originale.

Contextes

    Le roman, Grapes of Wrath, est publié en 1939 par les éditions Viking que l'éditeur de Steinbeck depuis Tortilla Flat (1935), Pascal Avram Covici, a rejoint après la faillite de sa propre maison d'édition, Covici-Friede, en 1938.
Mais les racines du roman plongent plus profondément dans l'histoire à la fois de l'auteur et du pays. Il est d'abord le fruit des circonstances, sans la "Grande Dépression" et le "Dust Bowl", pas de roman. La crise économique que marque spectaculairement le krach boursier de 1929, les aléas climatiques des années 1933-35 qui vont ruiner nombre de petits fermiers du centre des Etats-Unis (Oklahoma, Kansas, Texas, au premier chef) produisent des phénomènes de migration particulièrement impressionnants. Les fermiers, en particulier, se dirigent de préférence vers la Californie dont la réputation de fertilité, de récoltes abondantes en fait une promesse d'Eldorado. En 1936, Steinbeck enquête, pour le compte du San Francisco News, sur les camps de transit et les conditions de vie des travailleurs saisonniers qui sont maintenant des immigrés de l'intérieur. Il en tire sept articles publiés en octobre 1936 sous le titre The Harvest Gypsies (Les Bohémiens des vendanges dans la traduction française de Jean-François Chaix) qu'illustrent les clichés de Dorothea Lange.
     L'écriture romanesque de Steinbeck entre 1935 et 1939 porte la marque aussi de ces interrogations sur la misère, la surexploitation des travailleurs agricoles, qu'il s'agisse d'en Un combat douteux (1936), ou des Souris et des hommes (1937) ou de La Grande vallée (1938).
     Le roman est traduit en français par Marcel Duhamel et M.-E. Coindreau pour Gallimard en 1947. C'est toujours la traduction disponible à ce jour. Assez curieusement, cette traduction ignore les deux dédicaces qui précèdent le roman.





Tom Collins

Tom Collins photographié par Dorothea Lange dans son camp du comté de Kerne, en 1936

Les dédicaces : "To Carol who willed it / To Tom who lived it".

     Carol est alors l'épouse de Steinbeck (ils divorceront en 1943 et se séparent, en fait, en 1941). Ils se sont rencontrés au bord du lac Tahoe et mariés à Los Angeles en 1930. De son nom de jeune-fille Carol Henning (1906-1983). "A Carol qui l'a voulu" semble créditer sa compagne d'avoir été le moteur de l'écriture. Il semble en tous cas que le roman lui est redevable de son titre, "The Grapes of Wrath", dans lequel "wrath" est un terme archaïque pour "anger" directement issu de la Bible, et concernant particulièrement la colère divine , "l'ire de Dieu". Carol l'aurait trouvé dans un chant contre l'esclavage.
C'est un titre à la fois descriptif puisque cette ire divine semble bien s'être abattue sur les pauvres jetés sur les routes par la crise économique, la transformation d'une agriculture familiale en agriculture industrielle, les petites propriétés récupérées par les banques et transformées en immenses exploitations vouées à la monoculture et à la mécanisation ; mais en même temps, cette "ire" grandit dans le roman au sein de ces exploités et pourrait bien s'interpréter selon le dicton latin "vox populi, vox dei" (voix du peuple, voix de Dieu), voire le proverbe "qui sème le vent récolte la tempête" et peut donc apparaître comme une menace, de l'ordre de celle que Zola mettait aussi à l'horizon de Germinal ; à force de mépris et de mauvais traitements, les exploités finiront par se révolter et alors rien ne les arrêtera. On songe aussi à Hugo, dans le dernier poème de L'Année terrible (1872), "Tu me crois la marée et je suis le déluge." Comme le dit le personnage de la mère dans le roman "[...] we're the people — we go on" ("Nous sommes le peuple et le peuple vivra toujours", Folio, 1989, p. 390. Traduction un peu grandiloquente, mais qui rend bien cette idée d'une force irrépressible). De fait le narrateur le rappelle "[...] et la colère commence à luire dans les yeux de ceux qui ont faim. Dans l'âme des gens, les raisins de la colère se gonflent et mûrissent, annonçant les vendanges prochaines." (Folio, p. 486)
A quoi il faut ajouter que le mot "colère" est repris régulièrement tout au long du roman, en une sorte de ponctuation poétique.


     Tom "qui l'a vécu" est Thomas E. Collins. Steinbeck l'a connu pendant son reportage de 1936. Il dirigeait alors le camp monté par le gouvernement, dans le comté de Kerne au sud de la Californie, pour accueillir les travailleurs migrants. L'écrivain, durant les années qui suivirent, a continué à rencontrer l'administrateur et agi avec lui pour tenter d'améliorer le sort de ces travailleurs dépourvus de tout. Il semble aussi avoir eu accès à ses rapports, trouvant là une source particulièrement importante de sa documentation (cf. article de Daniel Nealand pour les Archives du gouvernement étasunien). Le véritable Tom est donc le modèle inspirateur du personnage de Jim Rawley, le diirecteur du camp de Weedpatch dans le roman, "Un homme au visage hâlé et ridé et aux yeux pétillants de gaieté. Sec comme un hareng saur" (Folio, p. 422).
Autant dire que même s'il s'agit d'un roman, la documentation de Steinbeck est de première main.



Structure du roman

Il est découpé en 30 chapitres (non titrés mais numérotés en lettres, ex. "Chapter Twenty" — Chapitre Vingt) alternant de longs chapitres racontant l'histoire de la famille Joad et des chapitres beaucoup plus brefs généralisant le drame vécu par les personnages.
     Les chapitres courts prenant souvent la forme de poèmes en prose ou de contes, jouant souvent aussi du style indirect libre pour rapporter une parole collective exprimant des situations et des sentiments vécus par tous, par ex. dans le chapitre IX, l'adieu des hommes aux outils, des femmes aux souvenirs, en mêlant aussi le plus particulier, dans ce même chapitre, la lettre écrite par un frère avant sa mort, le livre préféré du père, au plus général, les femmes, les hommes, les enfants. L'ensemble fait assez songer aux théories de l'unanimisme telles que Jules Romains les construisaient dans les années 1920. Aller du collectif à l'individuel et vice-versa. Raconter une histoire particulière, celle de la famille Joad, comme emblématique de celle d'un groupe qui a compté, semble-t-il, autour de 2.5 millions de personnes.
1. le départ
Les chapitres I à VIII racontent la préparation au départ inévitable puisque la banque s'est appropriée la ferme hypothéquée et que les bulldozers sont déjà à l'oeuvre pour raser les constructions, en commençant par un chapitre dessinant le cadre général de l'émigration obligatoire. Les chapitres XI et XII font transition. Le XI décrivant la mort des maisons ; le XII, la route vers l'ouest (la 66), son parcours et les aventures étonnantes qui s'y produisent.
2. la route
Les chapitres XIII à XVIII inclus relatent les difficultés du voyage, et elles sont nombreuses, entre les problèmes que pose un véhicule à bout de souffle, la question quotidienne de la nourriture, les rencontres, parfois bonnes et parfois peu amènes, jusqu'à ce qu'enfin les migrants entrent en Californie que leurs rêves et leurs désirs ont transformé en promesse de paradis. Le chapitre XIX fait transition en rapportant l'histoire de la Californie et en anticipant la progression de la troisième partie puisqu'il se conclut sur ces mots : "Et les Associations de Propriétaires savaient  qu'un jour les prières finiraient. / Et que ce serait la fin." (Folio, p. 334)
3. le désenchantement et les chemins du combat
Du chapitre XX au chapitre XXX se déploient les tribulations de la famille Joad en quête d'un travail toujours promis, jamais concrétisé vraiment sinon à des tarifs permettant à peine la survie. C'est la découverte de la méfiance, de la haine, des milices fascisantes, des campements de fortune qui ont tout de bidonvilles et qui sont nommés "Hooverville" du nom du président précédant l'élection de Roosevelt (1933) ; c'est aussi l'expérience de la faim, des transformations subies par la famille, de la dissolution de liens anciens pour la construction de nouvelles associations, de rêves nouveaux, de prise de conscience aussi de la nécessité de combattre pour que change le monde et que les laissés pour compte y trouvent enfin une place.






Route 66

La route 66 entre Kingman et Oatman, Arizona.

 "La nationale 66 est la grande route des migrations. 66... le long ruban de ciment qui traverse tout le pays..." (Folio, p. 167)


     Inutile d'ajouter qu'il s'agit d'une oeuvre bouleversante qui, par les temps qui courent, mérite d'être relue et méditée. Le hiatus entre la perception de l'autre comme inquiétant, dangereux juste d'être autre, différent, et sa réalité d'être humain semblable à n'importe qui, avec les mêmes rêves, les mêmes aspirations, les mêmes nécessités,  est un excellent antidote à la xénophobie ambiante. Entrer dans le quotidien de ces vies maltraitées c'est découvrir leur profonde humanité. Livre, par certains aspects, désespérant (la vie des pauvres est ponctuée de situations accablantes), par d'autres riche de promesses et d'espoir, comme le dit la belle profession de foi de Tom Joad en quittant sa mère effrayée à l'idée de rester sans nouvelle de lui :
"Partout où il y aura une bagarre pour que les gens puissent avoir à manger, je serai là. Partout où il y aura un flic en train de passer un type à tabac, je serai là. Si c'est comme Casy le sentait, eh ben, dans les cris des gens qui se mettent en colère parce qu'ils n'ont rien dans le ventre, je serai là, et dans les rires des mioches qui ont faim et qui savent que la soupe les attend, je serai là. Et quand les nôtres auront sur leurs tables ce qu'ils auront planté et récolté, quand ils habiteront dans les maisons qu'ils auront construites...Eh ben, je serai là ." (Folio, p. 585)






pêchers californiens

Pêches. Cueillette particulièrement délicate "Pas de fruits détériorés, pas de fruits tombés, pas de fruits tachés. Les fruits tachés ne sont pas portés en compte. " (Folio, p. 516)

Personnages principaux:

La famille Joad
     Le père, Tom Joad : fermier, dont la ferme ("40 arpents") a été hypothéquée après une succession de mauvaises récoltes, puis perdue parce qu'il ne peut plus en payer les échéances ; il est au début le "pater familias", celui qui décide et commande son monde. Progressivement, il va perdre cette prérogative, dépossédé de tout ce qui faisait son "statut", plus de ferme, plus de travail. Il cesse de pouvoir prendre les décisions, tout en souffrant de ce qui est aussi, pour lui, une perte d'identité.
     La mère : personnage remarquable d'endurance et de courage. C'est elle qui porte à bout de bras la famille et qui retarde, autant que faire se peut, sa dissolution. La caractérise particulièrement son sens de la dignité, de la générosité. Dans toutes les circonstances où les autres perdent la tête, elle assume la direction des opérations, par exemple lors de la mort de la grand mère, où lorsque Tom, blessé, doit se cacher. Elle est la ressource de courage, lorsque tout s'effondre, particulièrement ses proches, son mari ou sa fille, affolée par l'abandon de son mari, par sa grossesse.
     Noah Joad :  le fils aîné de la famille, un peu étrange "Il vivait dans une maison étrange et silencieuse et regardait au dehors avec des yeux calmes. Il était étranger au monde extérieur, mais il n'était pas solitaire." Son père qui a aidé à le mettre au monde dans un état d'intense panique se sent coupable de son étrangeté, et éprouve à son égard plus de tendresse que pour ses autres enfants.
     Tom Joad
: le deuxième fils de la famille, qui joue le rôle de fils aîné, en fait. Losque commence le récit, il sort de prison (sortie conditionnelle ce qui rajoute un problème à la situation familiale) où il a passé 4 ans sur les 7 de sa condamnation,  pour avoir tué un homme dans une bagarre au cours d'un bal. Peu causant, mais réfléchi, il est celui sur lequel la mère s'appuie. Progressivement, au contact de ce qu'il voit et de ce qu'il entend, grâce aussi à l'amitié de Jim Casy, il prend de plus en plus conscience des conditions de vie inacceptables des travailleurs, et contraint de fuir, pour un second meurtre, il va se joindre aux luttes des travailleurs. Par ailleurs, quand il est pris de colère, il perd tout contrôle et devient extrêmement violent.
     Al Joad : adolescent de 16 ans, il ne rêve que de mécanique. Admire son frère Tom, pour de bien mauvaises raisons, mais finit par apprendre et mûrir. Il est le chauffeur attitré de la famille, et se débrouille très bien dans cette fonction. Un peu coureur de filles aussi.
     Rose of Saron (Rose of Sharon, Rosasharn, prénom emprunté au Cantiques des cantiques), 18 ans, enceinte de "quatre ou cinq mois" au début du roman, mariée à Conny, 19 ans. Encore très enfantine, rêve d'une vie aisée à la ville. Effrayée par les événements. Panique souvent, en veut au monde entier, et particulièrement à son frère Tom, de leurs problèmes. Mais la fin du roman apporte une surprise au lecteur. La jeune femme ne sera pas ce que promettait l'adolescente.
     Le grand père (William James Joad): "était toujours le chef en titre, mais il ne gouvernait plus." C'est un vieil homme, désagréable autant qu'il le peut, mais attaché profondément à ses terres familiales.




Dorothea Lange
Enfants migrants, Dorothea Lange, Californie, 1938.
Font tout à fait penser à Ruthie et Winfield

     La grand mère : l'épouse du grand père qui se fâche souvent avec lui, mais qui lui est profondément attachée. Elle est aussi fort attachée à ses croyances chrétiennes et apprécie la présence de Casy en refusant d'accepter qu'il ait pu changer. Il se plie d'assez bonnes grâce aux exigences de la vieille dame.
     Ruthie : 12 ans. Encore "garçon manqué". Curieuse, assez batailleuse, parle trop et à tort et à travers. Se dispute constamment avec son petit frère.
     Winfield : 10 ans. Sous la coupe de sa soeur. Se chamaille sans cesse avec elle , mais ne peut se passer d'elle.
    L'oncle John : frère aîné de Tom Joad père, 50 ans, mais "un corps mince et vigoureux [...] crispé". Vit avec un sentiment de culpabilité terrible depuis que sa femme est morte ; il est vrai qu'il avait considéré que ses plaintes ne nécessitaient pas un docteur. De temps à autre, éprouve de le besoin de boire jusqu'à tomber.
   
Ainsi la famille, au départ, est-elle un groupe solide, constitué de trois générations vivant sous le même toit, ou proche voisin comme oncle John. Elle obéit à une hiérarchie implicite qui fait des hommes, selon leur place dans la chronologie, les décideurs. Les femmes, chargées de l'intérieur, assurent la nourriture, les soins ménagers, s'occupent des vieux et des enfants, mais n'ont rien à dire quant aux décisions.
Les changements qui vont intervenir vont être de deux ordres : les femmes vont assumer de plus en plus la marche des opérations et la famille va se réduire progressivement au caractère nucléaire qu'elle a dans les villes : père, mère et enfants.


     Jim Casy: très proche de la famille et voyageant avec elle vers la Californie. Il a été un homme de religion, "Révérend Jim Casy — de la secte du Buisson ardent" (Folio, p. 33) ce qui n'est pas exactement ce qu'il affirme "I was a preacher [...] Reverend Jim Casy — I was a Burning Busher" autrement dit,"j'étais un Buisson ardent",  comme l'on peut certes entendre comme membre  d'une secte, mais surtout comme habité lui-même par la parole divine, mais il a changé. Il a peu à peu découvert, en somme, que sa religion était l'humanité. Il a une influence essentielle sur la prise de conscience de Tom Joad. Casy se fera arrêter pour protéger Tom, rejoindra les travailleurs en lutte, et finira assassiné par les nervis du patronat. C'est une figure christique au sens où il se sacrifie pour les autres et que la seule religion qu'il prêche est celle de l'amour [dans tous ses sens, aussi bien Eros qu'Agapé et Philia] et de la solidarité : "[...] c'est peut-être bien ça, le Saint-Esprit — l'esprit humain — tout le bazar. Peut-être bien que les hommes n'ont qu'une grande âme et que chacun en a un petit morceau." (Folio, p. 38)

     Le récit est traversé de très nombreux autres personnages, eux aussi particuliers et, en même temps, représentatifs des mondes touchés par la crise et des réactions de chacun.
Par exemple, Muley Graves : voisin des Joad, chassé lui aussi de ses terres ; alors que sa famille est partie pour la Californie, il a refusé d'aller avec eux. Il vit en marginal, fuyant la police, lui tirant dessus à l'occasion, se nourrissant grâce au braconnage, se terrant dans des cachettes creusées dans la terre.
ou le couple Wilson (Sairy et Ivy) rencontré sur la route, venant de Galena (Kansas). Le mari et l'épouse, incités par le frère aîné d'Ivy, ont vendu leur avoir pour un prix dérisoire que les pannes successives et la maladie de Sairy ont quasiment dévoré lorsqu'ils rencontrent les Joad. Leur trajectoire témoigne aussi de l'attraction fabriquée autour de la Californie : du travail, de gros salaires, le rêve d'acheter ensuite un petit paradis "un petit coin à soi".
La famille Wilson est aussi la première avec laquelle s'établit une nouvelle sorte de "parenté", celle de la solidarité.
ou la famille Wainwright avec laquelle ils partagent un wagon de chemin de fer reconverti en habitation qui ont une fille que courtise Al et qu'il décide d'épouser une fois qu'elle annonce sa grossesse.

La réception du roman

     Elle est complexe. En Californie, le roman est fort mal accueilli. Steinbeck est, naturellement a-t-on envie de dire, taxé d'exagérations, de parti pris, autrement dit d'avoir un point de vue communiste. Le roman est interdit dans un certain nombre de bibliothèques et d'écoles publiques. Ses exemplaires en auraient même été brûlés à Salinas (la ville natale de Steinbeck qui, aujourd'hui, s'enorgueillit de son centre d'études consacré à l'écrivain). Mais, en moins d'un an (février 1940), il atteint les 430 millions d'exemplaires et vaut à son auteur d'abord  le national Book Award et ensuite le prix Pulitzer, le plus envié des Etats-Unis.
Avec les années, il devient un classique, traduit dans de nombreuses langues. Et rien n'est plus juste, non seulement il s'agit d'un témoignage de première main sur une période difficile de l'histoire, mais bien davantage encore d'une oeuvre littéraire majeure. L'écrivain y a tissé la langue des migrants (injurieusement nommés "Okies"), à la fois dans les dialogues et dans le discours indirect libre lui permettant d'élargir l'expérience de ses personnages à celle de tous les migrants, à celle, parfois poétique (dans les chapitres brefs qui sont souvent construits autour d'un mot qui en donne la couleur, par ex. le terme "bitterness" — amertume — du chapitre IX, ou "nervous" — inquiet — du chapitre XIV), parfois satirique, parfois analytique du narrateur omniscient.
Comme il pose la question du travail, des mutations économiques et de leurs conséquences sur la vie des humains, individuellement et collectivement, c'est un roman toujours, hélas, terriblement actuel.
En 1940, John Ford en fait une adaptation cinématographique mémorable.




A découvrir :
l'histoire de la route 66, c'est sur France-Culture.
 le travail de Dorothea Lange, photographe.
A voir : le film de John Ford, Les Raisins de la colère, 1940, avec Henry Fonda dans le rôle de Tom Joad, Jeanne Darwell (exceptionnelle) dans le rôle de la mère et John Carradine dans celui de Jim Casy.
La bande annonce du film.



Accueil               Steinbeck